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le blog de Primatin
le blog de Primatin
30 novembre 2008

Rencontre

ou comment Primatin et Primatine secoururent les expulsés de l'Eden, qui erraient dans une jungle hostile…
(cet épisode fait suite au SLAM originel, à lire dans le message du 15 novembre intitulé "Bienvenue").

Merci, Primatin !

  Errant un soir à l’ouest d’Éden, les expulsés aperçurent une lueur étrange. Diffuse, elle n’avait pas le regard fixe de la lune au-dessus de l’horizon. S'approchant prudemment, ils virent un couple qui leur ressemblait (en moins beau, pensèrent-ils). Revêtus d’une épaisse toison de poils, une paire de jumelles piaillant autour d’eux, deux êtres d’allure simiesque entouraient une clarté dansante. Surtout, ils mangeaient !
  Surmontant leur répugnance, Adam et Ève firent signe qu'ils avaient faim. Primatin et Primatine partagèrent volontiers. Grillés au feu, viandes et poissons réconfortèrent les malheureux vagabonds. Caïn et Abel cessèrent de geindre : ils se remplissaient la panse pour la première fois de leur vie.
  Tout en mangeant, Adam s’enquit auprès de son hôte des techniques qu’il utilisait pour chasser et pêcher. Primatin lui montra ses couteaux de silex, ses pièges, ses flèches, ses harpons. Pendant ce temps, avec force gestes, Ève tentait de raconter l'Éden à Primatine, qui l'écoutait polie, feignant l’admiration. Après le repas, Caïn et Abel jouèrent avec Luth et Batt (les deux jumelles). La soirée se conclut dans la joie. Par leurs mimiques, les Primatin transmirent aux Adam le rire propre à notre espèce. Il fuse mieux quand les ventres sont pleins.
   Les Primatin se retirèrent dans leur hutte, les Adam sous un arbre. Repus, Caïn et Abel s'endormirent. Leurs parents discutèrent tard dans la nuit :
— Penses-tu laisser nos fils jouer avec leurs filles ? s’inquiétait Adam. Nous sommes image de Dieu, et ces gens-là ressemblent aux singes !
— Je crains comme toi une mésalliance, répondait Ève. Cependant, j’ai de la sympathie pour cette Primatine et son époux est un macaque habile. Ces gens-là survivent mieux que nous. Si nous nous lions d’amitié avec eux, ils nous montreront tous leurs trucs…
  Adam et Ève avaient gardé confiance en Dieu. Dans une fervente prière, ils le supplièrent de les éclairer:

Nous qui avons connu un début très glorieux,
De tes mains façonnés, ô divin Roi des Cieux,
Pouvons-nous fréquenter ces roturiers pirates
Dont la lignée remonte aux bourses d’un primate ?

  Dans l'intimité du jardin d'Éden, Adam et Dieu conversaient au grand jour. Par sa désobéissance, Adam avait galvaudé ce privilège, mais Dieu continuait de l’instruire pendant qu’il dormait.
  Cette nuit-là, Adam vit en songe un long cortège. À l'arrière se traînaient des animaux rampants. Au milieu, une multitude progressait à quatre pattes. À l'avant, des espèces cherchaient la position verticale. En tête marchaient Primatin et Primatine. Et Dieu leur tendait la main !
— Bien qu'ils ne me connaissent pas encore, je les aime autant qu’Ève et toi, confia Dieu au subconscient d'Adam. Sans se prendre pour mon image, ils sont le fruit de mon dynamisme créateur. L’orgueil vous fit aristocrates déchus, car je renverse les puissants de leur trône. Mais j'élève les humbles : Primatin et Primatine sont des primates promus.
   Le soleil était haut dans le ciel, quand Adam et Ève se réveillèrent.
— Dieu m'a parlé dans mon sommeil, dit Adam à sa compagne.
  Il lui raconta son rêve…
— C'est Lui qui met la famille Primatin sur notre route, répondit Ève.
— Nous allons vivre avec eux, conclurent-ils dans un bel accord conjugal.
  Primatin entraîna Adam à confectionner des outils, à chasser, à pêcher, à faire du feu. Le soir, à la veillée, Adam et Ève racontaient l’Éden. Adam mentionna Dieu, qui les avait placés dans ce paradis.
— Qui est Dieu ? demandèrent Primatin et Primatine.
— Difficile de l’expliquer à des primitifs de votre espèce ! rétorqua l’aristocrate. Dieu existe, je L'ai rencontré !
  Ève insistait sur les dons extraordinaires qui leur avaient été accordés.
— Dans le jardin d'Éden, dit-elle un jour à Primatine, nous ne devions pas mourir.
— Pas mourir ? s'exclama Primatine avec bon sens, mais, dans la nature, tout meurt pour laisser la place aux suivants…
  Ève raconta qu'elle avait enfanté ses deux aînés sans aucune douleur, tandis qu’accoucher lui devenait pénible à présent. Primatine pensait que sa copine galéjait, embellissant les souvenirs de sa vie de château. Mais elle gardait cette réflexion pour elle.


Suite le 15 décembre…
Dans l'attente,
au bout de ce clic, une sorte de manifeste :

Luttons_pour_vivre_

 

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