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le blog de Primatin
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15 janvier 2010

ANAR-schisme chrétien

PAUL de Tarse dénonce le légalisme judaïque

Paul de Tarse né Shaoul —l’apôtre Paul pour les chrétiens, l’Apôtre tout court pour saint Augustin— développa pour son plus grand bien personnel et pour l’autonomie du christianisme débutant un syndrome que je nomme ANAR (Anti Norm-And-Regulation syndrome). Il préfigura une longue évolution culturelle de l’humanité, celle qui nous fait sortir du carcan religieux selon le processus de «sécularisation» que les chefs dévots (des veaux?) abhorrent.

Brillant étudiant en théologie, idolâtre des textes sacrés et des lois religieuses, Shaoul avait refusé de voir en Jésus autre chose qu’un aventurier stupide, un imposteur s’insurgeant contre l’ordre établi, un traître mettant en danger la nation dont il était issu. Il pourchassait les disciples de ce Jésus afin de les mettre en prison et de faire disparaître leur mouvement réformateur.

«Plus que les autres» Shaoul «défendait avec une ardeur jalouse les traditions de ses pères» [extrait de sa lettre aux Galates]. Il déployait un zèle extrême. Il approuva la lapidation d’un certain Étienne qui, selon les stricts critères de la loi juive, se rendait coupable d’un blasphème public. Shaoul agissait avec l’intransigeance des talibans d’aujourd’hui.

Soudain, dans Jérusalem occupée par les Romains, court une nouvelle invraisemblable: l’intégriste se serait converti! À la suite d’une vision, il aurait rejoint ceux qu’il persécutait. «L’homme qui nous persécutait naguère annonce aujourd’hui la foi qu’il cherchait à détruire», dit-on chez les disciples de Jésus.

Ceux qu’il persécutait? En lui apparaissant, c’est Jésus lui-même qui se déclare persécuté par lui. Cette expérience devient la base de la mystique vécue et enseignée par le converti: «Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi» [toujours dans la lettre aux Galates].

Autre expérience vécue et transmise par Paul: celle de la liberté qu’apporte la foi en Jésus-Christ. Il exhorte les chrétiens galates à ne pas retomber sous l’esclavage des règles et des normes de la religion juive :

 Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage.

L’ancien esclavage, c’est la circoncision obligatoire, le shabbat contraignant, l’interdiction du porc, l’ensemble des règles collectives qui asservissaient l’individu à sa tribu religieuse. Ces règles étaient provisoires. Le Christ nous en a libérés en les désacralisant, en montrant qu’elles ne venaient pas de Dieu, qu’elles étaient seulement une discipline humaine.

Dans un livre intitulé Le désenchantement du monde, le philosophe et sociologue Marcel Gauchet définit le christianisme comme «la religion de la sortie de la religion». À cette définition, il manque le mot «foi» plus essentiel au christianisme que le terme «religion». Paul de Tarse —le fondamentaliste converti— aurait pu définir son christianisme comme: «la foi qui fait sortir de la religion».

Le message évangélique devrait libérer celui qui y adhère du scrupule et de la contrainte religieuse. Il faut du courage pour choisir la liberté, quand la vie dans un cadre pré-déterminé serait plus confortable. Être un chrétien libéré, tu sais, c’est pas si facile…

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